Prologue
Le monde s'enfonçait dans la décadence la plus noire, pensait Victor, en soufflant la fumée bleutée de sa cigarette. Quelques années auparavant, le tabac était considéré comme un plaisir innocent de l'honnête travailleur en finances, tout comme le verre de Chianti ou de Chardonnay. Mais à l'heure actuelle, chaque Trader se devait de s'envoyer dans la narine de la poudre blanche avec l'idée de planer un peu plus dans une existence déjà délirante et... morne. La cigarette était devenue un plaisir même plus inavouable, c'était Mal.
Combien de ses collègues lui avaient lancé un regard noir en le voyant allumer sa Marlboro et certains l'avaient accusé d'en vouloir à leur santé, de leur provoquer cancers, maladies de peau, migraines et le pire de ce qui pouvait leur arriver de médical. En passant, belle opération de communication qui faisait des fumeurs plus que des inconscients et des suicidaires, on en avait fait des monstres d'égoïsme à la limite du criminel, des empoisonneurs.
En refermant son PC portable, Victor se laissa aller contre le cuir de son fauteuil avec le cri de la maroquinerie quasi neuve. Autrefois, il aurait soupiré d'aise ou de fatigue mais comme personne n'était dans le bureau à cette heure plus que matinale et il ne se sentait pas obligé de tenir le masque alors que le public n'était pas là pour applaudir. Une petite heure lui restait pour ses propres réflexions et sur ce qu'il devait faire bientôt. L'anniversaire approchait et toujours à cette époque, Victor devait revenir sur sa petite famille et comme toujours, la situation ne lui plaisait pas. Vraiment pas. Lui-même avait réussi à s'assurer pour la période suivante, sauf impondérable, de quoi vivre confortablement, voire luxueusement. Comme à chaque fois d'ailleurs. Victor était la prévoyance même. Jamais, financièrement du moins, on ne l'avait pris en défaut. Même lors des années les plus noires de la bourse, Victor avait su mener sa barque et le seul impact qu'il avait subi fut un léger amoindrissement de ses biens. En somme trois fois rien. Là, encore une fois, tout était à l'abri, dans les temps, dans de bonnes proportions, ni trop, pour ne pas attirer l'attention, ni pas assez, pour tout simplement ne pas manquer.
Malheureusement, le reste de la famille (Sa lignée en tout cas...) n'avait pas sa prévoyance. Loin de là... En ouvrant leurs dossiers, Victor avait remarqué qu'ils devaient encore compter sur lui pour survivre, à moins qu'ils n'aient même pas prévu ça... Avec eux, tout était possible, même la plus grande bêtise. Et comme à chaque fois, il s'interrogea. Ou et comment avait-il pu se tromper pour que ses enfants du Sang soient aussi stupides à propos de leur propre avenir? Pensaient-ils vraiment que l'immortalité les dédouanait de toute considération matérielle? De tout devoir autre que celui de jouir de leur chance? Au vu des informations qui défilaient sous ses yeux, Victor fut tenté de dire oui, sans oublier bien sur les fâcheuses situations qui avaient nécessite son intervention pour que ses enfants s'en tirent sans dommage.
Il leva les yeux au ciel, un instant critique.
Faux. Il ne n'avait pas fait pour que les enfants n'en aient aucune séquelle, mais bien pour la sauvegarde de toute la communauté. Victor avait toujours placé la communauté au dessus des considérations de sa propre famille, pas vraiment par respect ou loyauté, mais bien en attente d'un retour favorable et surtout pour maintenir son excellente réputation. Victor Drake n'était rien sans la réputation qu'il avait auprès des autres... Cette réputation qui le protégeait et qui protégeait dans une certaine mesure ses enfants.
Mais pour ses enfants... C'était fini. Oui. Fini. Bonne décision. S'allumant une nouvelle cigarette, il ouvrit le carnet de cuir noir à la tranche dorée qui lui semblait profondément et délicieusement Has-Been. En règle générale, il ne le sortait pas, se réservant de le consulter à la maison. Ses collègues et subordonnés l'auraient regardé avec mépris pour ce simple petit débris d'une classe anglaise qui leur semblerait bien ridicule. Les fous. Les pages étaient couverts d'une écriture fine, comportant Lettrines Grecques et Romaines côtoyant des caractères cunéiformes. Incompréhensible pour le commun des mortels mais Victor n'était pas le commun des mortels et il prit le petit crayon lié par un ruban rouge à la reliure du carnet. D'un geste lent qui se voulait voluptueux, il raya méthodiquement trois lignes... Trois. Ses trois enfants avaient intérêt à jouir de leurs derniers instants... Vite...
Combien de ses collègues lui avaient lancé un regard noir en le voyant allumer sa Marlboro et certains l'avaient accusé d'en vouloir à leur santé, de leur provoquer cancers, maladies de peau, migraines et le pire de ce qui pouvait leur arriver de médical. En passant, belle opération de communication qui faisait des fumeurs plus que des inconscients et des suicidaires, on en avait fait des monstres d'égoïsme à la limite du criminel, des empoisonneurs.
En refermant son PC portable, Victor se laissa aller contre le cuir de son fauteuil avec le cri de la maroquinerie quasi neuve. Autrefois, il aurait soupiré d'aise ou de fatigue mais comme personne n'était dans le bureau à cette heure plus que matinale et il ne se sentait pas obligé de tenir le masque alors que le public n'était pas là pour applaudir. Une petite heure lui restait pour ses propres réflexions et sur ce qu'il devait faire bientôt. L'anniversaire approchait et toujours à cette époque, Victor devait revenir sur sa petite famille et comme toujours, la situation ne lui plaisait pas. Vraiment pas. Lui-même avait réussi à s'assurer pour la période suivante, sauf impondérable, de quoi vivre confortablement, voire luxueusement. Comme à chaque fois d'ailleurs. Victor était la prévoyance même. Jamais, financièrement du moins, on ne l'avait pris en défaut. Même lors des années les plus noires de la bourse, Victor avait su mener sa barque et le seul impact qu'il avait subi fut un léger amoindrissement de ses biens. En somme trois fois rien. Là, encore une fois, tout était à l'abri, dans les temps, dans de bonnes proportions, ni trop, pour ne pas attirer l'attention, ni pas assez, pour tout simplement ne pas manquer.
Malheureusement, le reste de la famille (Sa lignée en tout cas...) n'avait pas sa prévoyance. Loin de là... En ouvrant leurs dossiers, Victor avait remarqué qu'ils devaient encore compter sur lui pour survivre, à moins qu'ils n'aient même pas prévu ça... Avec eux, tout était possible, même la plus grande bêtise. Et comme à chaque fois, il s'interrogea. Ou et comment avait-il pu se tromper pour que ses enfants du Sang soient aussi stupides à propos de leur propre avenir? Pensaient-ils vraiment que l'immortalité les dédouanait de toute considération matérielle? De tout devoir autre que celui de jouir de leur chance? Au vu des informations qui défilaient sous ses yeux, Victor fut tenté de dire oui, sans oublier bien sur les fâcheuses situations qui avaient nécessite son intervention pour que ses enfants s'en tirent sans dommage.
Il leva les yeux au ciel, un instant critique.
Faux. Il ne n'avait pas fait pour que les enfants n'en aient aucune séquelle, mais bien pour la sauvegarde de toute la communauté. Victor avait toujours placé la communauté au dessus des considérations de sa propre famille, pas vraiment par respect ou loyauté, mais bien en attente d'un retour favorable et surtout pour maintenir son excellente réputation. Victor Drake n'était rien sans la réputation qu'il avait auprès des autres... Cette réputation qui le protégeait et qui protégeait dans une certaine mesure ses enfants.
Mais pour ses enfants... C'était fini. Oui. Fini. Bonne décision. S'allumant une nouvelle cigarette, il ouvrit le carnet de cuir noir à la tranche dorée qui lui semblait profondément et délicieusement Has-Been. En règle générale, il ne le sortait pas, se réservant de le consulter à la maison. Ses collègues et subordonnés l'auraient regardé avec mépris pour ce simple petit débris d'une classe anglaise qui leur semblerait bien ridicule. Les fous. Les pages étaient couverts d'une écriture fine, comportant Lettrines Grecques et Romaines côtoyant des caractères cunéiformes. Incompréhensible pour le commun des mortels mais Victor n'était pas le commun des mortels et il prit le petit crayon lié par un ruban rouge à la reliure du carnet. D'un geste lent qui se voulait voluptueux, il raya méthodiquement trois lignes... Trois. Ses trois enfants avaient intérêt à jouir de leurs derniers instants... Vite...