Chapitre 12: Anomalie nécessaire.
Quelques jours plus tard, Karl est rentré dans mon bureau.
C’était la première fois depuis notre rupture que nous nous sommes vus et je craignais cette réunion. Je la craignais autant que je désirais que ça se termine vite. Malheureusement, il avait décidé que ça se terminerait mal… Il ne m’a pas adressé un mot et s’est contenté de poser un dossier sur mon bureau avant de se retourner pour prendre la porte. Je l’ai attrapé par le bras avant qu’il ne puisse le faire.
Dire que j’étais dévasté était un euphémisme … J’avais passé la nuit à me demander ce que j’avais bien pu faire de mal et à m’accuser de tous les maux. Quand bien même c’était lui qui m’avait repoussé, le comble ! Et puis, est-ce que j’avais le droit de l’arrêter ? Ne m’avait-il pas signifié que je n’en avais pas le droit ? Ouais, la colère était passée très vite et j’en étais déjà au marchandage… Avec Hunt qui me suppliait en arrière-fond de lâcher prise et de passer à autre chose. Il me suffisait de le lâcher et de me retourner vers ma cafetière, faire comme si tout ça n’avait pas existé et oublier.
J’aurais pu mais je n’arrivais pas à le faire et malgré le fait qu’il secouait son bras pour me faire lâcher prise, ce qui était impossible puisque j’utilisais ma force de Loup pour le maintenir, je refusais de le lâcher… Tout comme je n’arrivais pas à le regarder dans les yeux, mon regard ne pouvant monter au-dessus du nœud de sa cravate. J’essayais de me calmer, de dépasser la boule d’accusations qui obstruait ma gorge et la fureur qui était bien prête de revenir en force et au bout d’une minute très inconfortable pour lui, du moins, je le suppose, j’ouvris la bouche :
- Pourquoi ?
Plus pathétique, tu meurs… Ma voix avait l’exacte tonalité de celle d’Henessy quand celui-ci réclamait sa friandise plus de trois minutes, un mélange entre la supplique et le râle d’un agonisant. Je suppose que Karl a compris dans quel état j’étais et a consenti à ne plus secouer son bras et à ne pas appeler la sécurité alors qu’il avait prévu de le faire. Néanmoins, il me fit la réponse la plus sèche possible :
- Parce que ça ne m’intéresse pas.
Dans ma tête, Hunt en avait marre de jouer les potes apaisants avec option glace au chocolat et bouteille de vodka. Il prit le contrôle de ma conscience et me fit lâcher le bras de Karl. J’avais beau hurler que j’avais besoin de finir ça à ma manière, il ne voulut rien savoir et il grogna :
-C’est compris…
Fort heureusement, il ne me fit pas lever les yeux, exposant sa rage à travers mes pupilles. Je restais donc parfaitement immobile alors que Karl ouvrait la porte, lentement. Cependant, avant de sortir, mon ex-amant murmura :
-Ce n’est pas entièrement de ta faute. C’est juste… Ça ne pouvait juste pas arriver.
Et il partit sans attendre la moindre réponse. Evidemment, quand on sait ce que j’ai su plus tard, tout devient limpide… Il n’empêche que je ne me sentais pas très bien et le mot est faible. Hunt leva enfin les yeux et referma la porte avec douceur. Quand je lui demandais de me laisser le contrôle, il se contenta de se rendre dans la salle de bains pour y faire couler l’eau et la boire au robinet.
Hunt… Il y avait une bouteille d’eau dans le bureau…
Il se contenta de grogner à l’intention du miroir et repris son activité.
Tu me rends mon corps, maintenant ?
Il continua de boire jusqu’à ce mes cheveux dégoulinent et s’ébroua avec vigueur, projetant des gouttelettes d’eau jusqu’à la porte…
- Celui-ci n’a strictement pas l’intention de rendre le contrôle. Du moins tant que l’autre celui-ci n’aura pas repris ses esprits.
Tu es sérieux ?
- Parfaitement. Et laisse celui-ci dire à l’autre celui-ci que celui-ci n’est pas très content de l’attitude de l’autre celui-ci !
Sa façon de s’exprimer quand il me contrôlait m’a toujours semblé hilarante, surtout quand il montait sur ses grands chevaux. Et comme à chaque fois, je lui fis ma remarque sur l’emploi des pronoms personnels.
Avec Je et Tu, cette phrase t’aurait moins empli la bouche…
-
Je ! Je ! Je ! Tu ! Tu ! tu ! l’autre celui-ci est content ?!
Un grand point d’achoppement entre lui et moi et il maintenait que les humains étaient d’une impolitesse crasse à force de croire que l’on savait qui ils étaient. Ce qui était faux.
On va dire que je suis content… En quoi mon attitude te déçoit ?
-
L’autre celui-ci ne devrait pas s’enticher de n’importe qui.
Allons bon… Et pourquoi ?
-
Ceux-ci n’ont qu’un cœur pour deux et Celui-ci n’aime vraiment pas quand l’autre Celui-ci est triste…
Ça arrive… Mais j’ai l’impression que depuis que je te connais, je suis plus… romantique. C’est comme si j’attendais mon prince ou ma princesse…
-
L’autre celui-ci aurait une remarque désobligeante à faire ?
Je crois que tu es une fille.
Nos yeux se sont assombris et il a grogné en montrant les crocs.
-Ceci n’était pas amusant !
Non… tu as raison.
Il a senti ma tristesse et a commencé à gémir avec moi en cachant nos yeux derrière nos poings. Le problème du Cœur de meute est qu’il est la seule personne à ne pas pouvoir se soigner. De plus, nos tristesses s’alimentaient en boucle et grossissaient sans cesse. Il fallait que je brise la boucle :
Ça suffit ! Ça suffit… Je … Je ne peux pas nous enfermer là-dedans.
- Celui-ci est d’accord mais que ceux-ci peuvent-ils y faire ?
Trouver une occupation.
- Courir ?
Trouver une occupation qui nous empêche de penser ! Courir me laisse trop souvent face à moi-même.
- Mais celui-ci veut courir…
Bon… Laisses moi une occupation qui ne nécessite ni de courir ni de réfléchir et après on se fait un 20 kilomètres… Ça te va ?
- Il faudra bien… L’autre celui-ci devrait aller voir le guérisseur qui pue la charogne. Celui-là parle tellement qu’on ne réfléchit plus.
C’est pas faux.
- Bon. Celui-ci veut bien lui rendre le corps mais seulement si l’autre celui-ci promet d’aller courir et d’aller mieux.
Je te promets qu’on ira courir et que je ferais en sorte d’aller mieux, ce qui consiste à ne plus que me contenter de rencontres d’un soir et d’arrêter de tomber amoureux du premier venu.
- C’est valide.
Quelques secondes plus tard, je me sentis remonter à la surface de ma conscience et je pris une longue inspiration. Je n’allais pas mieux et je me doutais qu’il me faudrait pas mal de temps pour m’en remettre. Et pourtant… Je devais remercier Hunt pour son intervention et je savais que ce n’était pas seulement parce que ma tristesse déteignait sur lui : c’était surtout pour que je ne me sente pas seul. C’était rassurant, d’une certaine façon, schizophrénique mais rassurant.
Je descendis au troisième sous-sol pour pénétrer dans les Chambres Blanches, la zone la plus sécurisée du View. Je l’avais conçu avec Azul, Allegro et Sokol pour que la sécurité soit maximale et que rien ne puisse entrer ou sortir sans autorisation. Je m’étais chargé de la sécurité électronique et informatique avec un réseau fermé et deux générateurs principaux pour faire fonctionner l’équipement dans la première partie des Chambres, la moins sécurisée. Au-delà, c’était de la protection magique et la ronde de cinq fantômes. Ceux-ci ne pouvaient faire aucun dégât mais ils étaient des alarmes des plus efficaces. J’avais envisagé d’étendre le concept à tout le bâtiment mais le profil du fantôme requis était juste démentiel… Nous avions déjà eu une chance inouïe d’en avoir cinq.
Taylor s’était installé dans la zone de sécurité basse, sans doute parce que la sécurité haute ne comprenait aucun poste électrique. Il résidait dans une sorte de cage en plastique transparent d’une dizaine de mètres carrés, comprenant, un lit, un WC et suffisamment de matériel médical pour faire couiner d’envie le Dr House. Je suppose que c’était Alcibiade qui avait créé ce petit pôle de recherche… J’ignorais pourquoi mais ça nous servait bien. Quant au Docteur Taylor, il parlait tout seul, en silence, penché sur un microscope et je m’aperçus en fait que la cage était isolée au niveau sonore et qu’il me suffisait d’appuyer sur un bouton pour l’entendre, ce que je fis :
- … Possible… les taux hormonaux sont délirants et pourtant rien n’indique un effondrement de l’hypophyse ou de la thyroïde ! Qu’est-ce que tu m’as fait… ?
Je toussais légèrement pour indiquer ma présence et il leva le nez de ses échantillons.
- Oh ! C’est vous… Que me vaut le plaisir ?
- Je m’intéresse juste à ce que vous faites. Quoi que ce soit.
- Je m’analyse. Marmonna-t-il en écartant les bras.
- Et ça donne quoi ?
Il soupira et se frotta le front avant de prendre une bouteille d’eau et d’en boire une gorgée.
- C’est incompréhensible. Il est clair que j’ai été contaminé par quelque chose, ce qui traine à Morris Park, sans aucun doute, mais mes anticorps ont décidé qu’ils s’en foutaient royalement, je suis manifestement en hyperthyroïdie et mon taux de noradrénaline est tellement haut que … mon sang doit être fait en café.
Je m’autorisais un sourire alors que Hunt levait la tête et demandait à ce que l’on boive tout son sang.
- Et pourtant, reprit –il, je vais bien.
- Ça ressemble beaucoup à des symptômes métamorphes.
- Je n’ai pas de bestiole dans le crâne qui m’enjoint à mordiller les pieds de meubles. De plus, pas de virus W dans mon sang. C’est la première chose que j’ai vérifié.
- Étrange…
J’ai décidé de tenter une petite expérience et je me suis assis par terre, les jambes en tailleur et les bras le long du corps. Cela ne l’étonna pas un seul instant et c’était le but.
- Et votre … garde-fou ?
- Le Suicidaire est en place et attend. Cela dit vu qu’il a été conçu pour la Grippe, il peut attendre encore longtemps.
- Vous n’aviez donc pas de garde-fou pour le Virus W ? C’est sans doute ça…
- Impossible, aucun anticorps.
- Nous avons trouvé deux hybrides très particuliers.
- Les hybrides n’existent pas, du moins concernant le Virus W.
- Eh ! Laissez-moi finir avant de décréter que j’ai tort ! Ce sont des hybrides que l’homme a déjà créés : Un coywolf et un ligre. Cependant, leurs versions Virus W sont… incapables de revenir à la normale. Si tant est qu’on parle de normalité quand on parle de métamorphes.
Il s’est retourné vers moi et m’a regardé dans les yeux. Ceux-ci étaient toujours d’un rouge sang mais ils étaient ternes et ne semblaient posséder aucune vie qui ne le furent propres. La faim en était absente, cette faim qui nous était commune et je commençais à comprendre vraiment ce qu’il était. Il ne me restait qu’une preuve à obtenir.
- Je croyais qu’il était impossible qu’une espèce non naturelle soit représentée parmi le cheptel…
- Cheptel ? Vous venez d’insulter toute la nation métamorphe avec un seul mot.
J’atténuais ma remarque avec un pauvre sourire mais il comprit que sa cage de plastique n’était pas une protection très reluisante contre la fureur animale d’une trentaine de meutes américaines. Même s’il n’avait vu que deux membres de ma meute, il avait vu quel déchaînement de violence nous pouvions être capables.
- Vous comprenez ce que je veux dire…
Pas d’excuses mais il s’installa en tailleur, les bras le long du corps et en face de moi. Mon sourire s’élargit.
- Je comprends, oui. Et c’est en effet impossible… naturellement.
Il leva les yeux et se tourna légèrement vers ses prélèvements. Je vis les rouages de son cerveau se mettre en mouvement et je pus suivre son raisonnement jusqu’à sa conclusion :
- Ce n’est pas ce qui était prévu…
- Quelle souche aviez-vous prévu ?
- La Louve. Plus résistante, plus adaptative dans la plupart des écosystèmes et la plus présente parmi les métamorphes. Nous… Je pensais que ce serait plus facile.
- Pourquoi pas d’autres souches ?
- La féline semblait être trop instable et l’ursidé pas assez pour être modifié. Mes commanditaires ne voulaient que la résilience et de meilleurs sens.
- Tout ce qu’un soldat ne peut entraîner.
- C’est ça.
Je soupirais. Encore une fois, il n’était pas prévenu de mon tic et ne sembla pas s’en formaliser. Je me doutais que le refus du Fenris quant à l’enrôlement des métamorphes dans l’armée américaine allait avoir une réponse des plus violentes. Surtout depuis que la Russie avait accepté ces mêmes métamorphes comme des égaux… Cela dit, j’ignorais qu’on avait devancé notre refus. Les tests avaient commencé à peu près quelques mois après la Grande Révélation. On avait essayé de ne pas compter avec nous…
- C’est un grand changement qui vous a été demandé…
Je le regardais droit dans les yeux en laissant voir les éclats rouges qui ne manquèrent pas apparaître dans mes yeux alors que je laissais la pensée du sang capiteux d’un vampire coulant dans ma gorge, ce sang dont je me privais depuis des mois car je n’avais pas le temps de mener mes propres traques et que je refusais qu’on les mène à ma place. Taylor remarqua ces éclats de rubis et recula à peine, pas par peur mais par surprise, puis il s’avança, prêt à bondir.
- Quelles sont les conséquences d’un tel changement ? Demanda t’il en penchant la tête à droite.
- Une réponse proportionnée.
- Et quelle serait la réponse à tout ce foutoir ?
Je me penchais en avant en posant les mains sur le sol. Je l’admets, ce n’est pas la meilleure des positions mais il suffisait de décroiser les jambes pour bondir. Contrairement à lui, je n’avais pas oublié la cage de plastique mais il s’agissait plus de provoquer une réaction qu’un duel.
- Vous le savez déjà.
- Je connais le principe, pas la réalité.
Mon seul regret était que la cage me privait des sensations olfactives et de la plupart des sons. J’aurais adoré entendre son cœur s’accélérer et sentir le musc de son excitation. C’est à ce moment-là que je me rendis compte que j’étais en train d’initier une sorte de parade nuptiale, une séduction entre monstres… Hunt riait dans ma tête et se foutait de moi, ayant compris ce qu’il m’a fallu des mois à comprendre… Je vous laisse la surprise.
- Vous avez lu mon dossier ?
- Secret défense.
- Pas tout.
- Les explications sont classées secret défense. Que veut dire Ca ?
- Cannibale.
- Hein ?
- Je mange des gens.
Là, pour le coup, il a reculé et m’a regardé avec des yeux nouveaux. Pendant toute notre parade, l’éclat sombre du sang était revenu dans ses iris mais à la mention du nom Cannibale, l’éclat était reparti se cacher. Qu’il le veuille ou non, un prédateur n’attaque pas un autre prédateur à moins de défendre son territoire ou de vouloir l’agrandir et son instinct lui murmurait que ce n’était pas une bonne idée. Il ne connaissait ni mes forces, ni mes faiblesses et encore moins mon échelle de défense. C’est-à-dire, à quel point je défendrais mes positions. M’attaquer maintenant serait faire preuve de stupidité. J’eus le plaisir de le voir renifler à plusieurs reprises et de s’étonner de ne rien sentir de plus que lui-même. Je décidais de lui parler avec son langage :
- Je suis un organisme de régulation de la population vampirique. En cas d’une population trop importante, mon appétit se déclenche et je suis là pour élaguer. Moins d’individus, moins d’impact sur la chaîne alimentaire, moins de problème pour l’écosystème. Je suis un Cannibale.
Je l’ai vu réfléchir à me paroles, je l’ai vu s’étonner d’avoir pris, à quelques différences minimes, la même position que moi, Je l’ai vu douter, je l’ai vu comprendre et je l’ai vu accepter.
- Le Suicidaire a fonctionné… a-t-il marmonné.
- Oui, parfaitement.
- Seulement… Pas de la manière dont je l’avais prévu…
- Bienvenue en enfer.
Il a ri. Je suppose qu’il ne l’a pas pris comme je l’entendais, à savoir bienvenue dans les emmerdes, bienvenue dans tout ce que tu n’as jamais voulu être, voir, entendre, faire… Bienvenue parmi nous. Je suppose qu’il a pris comme « l’Enfer est pavé de bonnes intentions » et tes très jolies intentions, tes belles théories, tes petites victoires sont devenues ton Enfer… Enjoy !
- Je suis un Cannibale, donc ?
- Ouais. Enfin… Ce n’est qu’une théorie mais admettez qu’elle est séduisante.
- Oh oui. Peut-être trop. Je me méfie toujours de ces belles demoiselles à la robe légère. Elles sont parfois si fausses.
Il s’est rassis et a croisé les bras en signe de protection. Il fallait que je l’achève tant qu’il était au sol et qu’il ne puisse pas encore parer mes coups.
- Vous vous comportez comme un métamorphe. Pas forcément un loup mais clairement un métamorphe.
- Comment ça ?
- Vous avez réagi à la moindre de mes positions, à la moindre de mes attaques. Votre instinct vous a soufflé comment faire. Vous n’avez peut-être pas d’animal dans votre tête mais s’il y a bien une chose que j’ai compris en tant que Cannibale, ce que notre instinct n’a pas besoin d’une voix pour s’exprimer. Vous ne pourrez pas vous en débarrasser : Il se substitue à votre conscience et quoique vous décidiez, il a raison.
Il a accusé le coup mais il n’était pas encore mort. Je le voyais encore réfléchir et supposer. Il fallait donc feinter :
- Votre avantage est que personne ne vous reprochera de manger des zombis…
- Affamés.
- Alors que je me reproche parfois d’en faire trop… Enfin…
Je me suis levé et je suis allé voir le sas qui menait à la Cage. Au départ, il ne s’est pas inquiété, pensant sans doute que le combat était fini et que je le laissais reprendre son souffle. Et puis quand il m’a vu approcher du sas, il s’est levé précipitamment pour essayer de m’empêcher d’ouvrir. Pas de bol, il n’était pas assez rapide pour moi et j’étais déjà à l’intérieur.
- Le virus…
- S’il se comporte comme le W, il ne peut se répandre que par les fluides corporels tels que le sang et la salive. Peut-être même le sperme. Mais les métamorphes n’ont pas besoin d’un organisme de régulation, normalement. Nous sommes déjà assez violents entre nous sans avoir besoin d’une intervention extérieure, vous ne croyez pas ?
- Peut-être…
- Je vous le dis. Je n’ai pas été créé parce qu’il y avait trop de vampires. J’ai été créé parce qu’il y a eu une erreur à corriger.
J’ai souri en écartant les bras et je les ai rabattus sur le haut de ses bras.
- Je suis une anomalie nécessaire. Et je crains qu’avec cette invasion de Zomb’, vous en soyez une aussi
.Avant qu’il n’ait pu me contredire, je lançais la transe du Cœur, influent sur ses instincts primaires : Abri, sécurité, nourriture. Et je les comblais.
Nous sommes le Cœur, nous sommes la mère, nous sommes le père, nous sommes la tanière, nous sommes la satiété et nous sommes la meute…
Tu es en sécurité, tu n’as plus faim, nous sommes là, nous sommes là pour toi.
Dors.
N’importe quel métamorphe au contact de la transe s’écroule et dort du sommeil du juste. Taylor ne fit pas exception et se laissa tomber au sol, comme si les fils qui le tenaient debout se coupaient l’un après l’autre. C’était un peu plus lent que les loups de ma meute, cependant, cela prouvait ce que je soupçonnais dès la première fois que nous nous étions regardés dans les yeux.
Monstre
Frère.
Meute.
- Est-ce que tu vas me servir une platitude du genre : Un de perdu, un de retrouvé ?
C’est un frère. Pas un amant.
- Je sais, je sais… Je ne le vois pas comme ça. Mais… Je commence à penser que je suis plus doué pour étendre la meute que pour ne pas rester tout seul.
Tu n’es pas tout seul.
- Je sais. Nous sommes là pour tous les autres, nous sommes une meute, nous sommes…Parfois j’aimerais juste qu’une personne soit là pour moi. Pour moi tout seul. Je sais que c’est très égoïste.
C’est ce que tout le monde veut… Je regrette de ne pas être capable de te l’apporter.
- Non, mais tu as raison… Tout ça, ce n’est pas pour moi.