Chapitre 14: Proie
C’est vrai que dans notre paranoïa ambiante, nous avions quelque peu oublié que je n’étais pas une cible pour tout le monde. Lors de notre mascarade à la Nouvelle-Orléans, j’avais appris que les sorcières louaient leurs services depuis des siècles pour empoisonner l’esprit et le corps des ennemis de leurs clients. J’ignorais totalement l’étendue des maléfices possibles mais Azul était devenue très méditative suite à la question de Taylor. Elle devait faire l’inventaire de toutes les saloperies possibles et pousser un loup-garou à attaquer une proie était une possibilité.
- Enfin, je dis ça… C’est juste une théorie… Oh, des noisettes !
Et donc, après avoir lâché sa bombe, Taylor est allé piller mon bol à fruits secs. Ash a approché son fauteuil de mieux dans un concert de raclements tout sauf discrets alors que Simon préférait la translation pas après pas. Ils approchèrent leurs têtes de la mienne.
- Sérieux, c’est qui ce mec ? murmura Ash.
Je répondis au même niveau sonore :
- Le créateur des Zomb’, en gros.
Autant dire que tout le monde pouvait nous entendre… sauf peut-être le principal intéressé.
- C’est très raccourci et très faux. Marmonna ce principal intéressé en question, qui s’était approché en voyant notre conciliabule.
- Qui a créé W-T ?
- Moi.
- Qu’est-ce qui a déconné ?
- W-T.
- Donc…
- Qu’est-ce qui a fait déconner le W-T ? Contra t’il.
- Euh…
- Mes anciens collègues. Sous les ordres de qui ?
- Vos… anciens patrons ?
- Exact. Qui a créé les Affamés ?
- Astella.
- Voilà… Vous voyez quand vous voulez… Me dit-il en me tapotant l’épaule.
Je lui ais souri avec une certaine bonhomie mais s’il n’avait pas déjà mis toute son attention sur autre chose, il aurait pu voir mes yeux qui viraient au blanc polaire et le cercle rougeoyant qui commençait à poindre. Ash l’avait vu et il commençait à reculer en prévision du coup de tonnerre qui allait arriver. Simon, quant à lui, se préparait à mettre les bras devant lui pour atténuer les dégâts. D’un geste qui se voulait apaisant, j’ai posé la main sur la sienne en accentuant mon sourire. Et puis, j’ai tiré violemment pour le faire passer par-dessus mon épaule. Allegro, qui n’avait rien vu venir, fit un bond de trois mètres en arrière alors que Yuna se plaçait de manière à protéger Azul qui elle non plus n’avait rien vu venir et qui, de plus, était totalement déconnectée de la situation. Quand elle vit Taylor accroupi au milieu de nous, la main encore accroché à la mienne et le regard rouge sang vif, elle fronça les sourcils.
- Rappel à l’ordre… Murmurais-je à l’attention de mon nouveau monstre alors qu’Ash étouffait un rire.
Taylor fit la moue et accepta de bonnes grâces la remontrance. Preuve en était qu’il me montra sa gorge en signe de soumission. Je lui lâchais la main et il reprit sa place sans avoir envie de répliquer. Cependant, il attendit d’être derrière moi pour demander :
- Donc, on peut envoyer quelques piques mais pas trop non plus ?
- C’est ça. Je fais de vous des équilibristes.
- Tension permanente ?
- Jeu permanent.
- Ça me va
.Azul leva la main.
- Alors, il est possible qu’on ai piégé l’un des deux, toi ou le coureur, avec un charme de proie. Un charme poussé au maximum et spécialisé sur un type, ce qui rend l’attaque encore plus violente. Ceci dit… L’élaboration de ce charme coûte une blinde.
- C’est-à-dire ?
- Grosso modo, il faut reproduire le glamour d’un Fae et le pousser à fond. Or, pour reproduire le glamour, il faut des morceaux de Fae…
- Genre ?
- Une glande qui se trouve à la base de leur cou.
- Une thyroïde ? intervint Taylor.
- Non, même emplacement mais rien à voir. D'après ce que je sais, c’est le siège de leurs phéromones et il faut l’extraire sur le sujet encore vivant et la sécher pendant huit heures au sel noir.
- Les sorcières tuent des Faes pour élaborer des sorts ?
- Le cœur de sorcière a été très populaire parmi les Faes, le siècle dernier. Un partout.
- Et il n’y a jamais eu de guerres ?
- Pas que je sache. C’est compliqué de comprendre un Fae alors comprendre tout un peuple… Va savoir ce qui est un casus belli pour eux ou juste une raison de faire la gueule…
Dom se retourna en fronçant les sourcils :
- J’ai une question : Ce sort se met sur une personne et amène les gens à l’attaquer, c’est bien ça ?
- Oui.
- Même s’il avait été spécialisé sur un type de surnaturels, pourquoi Yuna n’a pas attaqué ? Pourquoi je n’ai pas attaqué ? Pourquoi la vingtaine de métamorphes qui coure régulièrement dans le parc n’a pas attaqué ?
- Je n’ai pas attaqué parce que je n’ai pas de bite. Marmonna Yuna.
Taylor s’esclaffa et Yuna s’autorisa un sourire. Elle semblait avoir repris du poil de la bête et redevenir celle qu’elle était. Je commençais à me demander si elle n’avait pas été touché par le charme, d’une certaine manière… Sauf qu’elle avait eu peur.
- Yuna ?
- Hum ?
- Tu m’as bien dit que je t’avais fait peur ?
- C’est ça. C’était terrifiant…
- Donc… Pas d’envie irrépressible ?
- Si. Celle de fuir.
La question de Dom était on ne peut plus pertinente : Pourquoi ai-je été le seul à ressentir ce besoin ? La réponse était évidente, j’étais la cible. Mais c’était trop évident et on oubliait la proie et son rôle dans tout ça. Avant de répondre au Pourquoi moi, je devais répondre au Pourquoi lui. On pouvait imaginer qu’on voulait le tuer ou, au moins, de le blesser gravement. Pour l’empêcher de faire quelque chose ? Par vengeance ? Pourquoi lui en particulier ? parce qu’on connaissait son habitude de courir dans le parc ?
- Il a l’habitude de courir dans le parc… murmurais-je sans m’en rendre compte.
- Oui, l’occasion. Et si ça devait attirer le plus d’attention possible, le parc est la meilleure opportunité. Reprit Dom. Mais ça te désigne autant lui que toi puisque tu as aussi cette habitude.
- Ce n’est pas régulier pour moi. Je ne sais jamais à quelle heure je vais courir ni même si j’aurais le temps.
- On comptait sur une rencontre fortuite ? Que vos horaires coïncident ? Ça impliquerait qu’on vous jette un sort à tous les deux et qu’on attende que les deux catalysent ?
- Donc, le facteur temps n’est pas important. On ne sait pas depuis combien de temps cette « rencontre » est prévue et combien de temps encore ça aurait pu continuer sans qu’on se croise. La mort de cet homme n’est donc pas le but.
- A moins que…
- A moins qu’on sache que vous alliez vous croiser à ce moment et à cet endroit. Nous dit Taylor.
Il était penché sur l’épaule de Dom et encore une fois, nous ne l’avions pas senti bouger. Si la plupart des membres de la Meute commençait à trouver ça inquiétant, je m’émerveillais de sa capacité d’adaptation. En même temps, en tant que Cannibale, c’est le contraire qui eut été vraiment très étonnant. Mais en fait, il se comportait comme moi à l’époque, si ce n’est que contrairement à moi, il avait un autre Cannibale pour lui aplanir le chemin et je sentais qu’il se calquait sur moi. Ça m’allait très bien : S’il pouvait éviter ma dépression nerveuse, grand bien lui fasse.
- Ce serait supposer qu’on puisse donner le départ à l’un des coureurs en fonction de la course de l’autre.
- Justement.
- Et comme je suis le plus aléatoire, c’est sur moi qu’on s’est calé.
- Ce serait logique… Sauf que peut-être pas.
- Vous allez arrêter de tout mettre en doute ?
- Non. Il semblerait que ce soit mon rôle. Et je kiffe.Taylor se fendit d’un grand sourire prédateur et recula à nouveau.
- D’accord… Alors, si je n’étais pas la base à prendre en compte, comment on m’a fait partir pour courir ? Et pourquoi moi ?
- C’est une très bonne question. La première, j’entends. Pour la seconde, il suffit de comprendre quelles sont vos particularités.
- Je suis un loup-garou.
- Y’en a plein dans le parc.
- Je suis aussi un vampire.
- Un vampire qui court le jour. Marmonna Dom. Même si les vampires tolèrent de mieux en mieux la lumière, tu reste le seul à faire ton jogging en pleine journée.
- Pas toujours. Dés que je peux, je cours la nuit.
- Tu veux bien arrêter cinq minutes de nous contredire ? Couina Azul. C’est chiant ! On essaye de trouver une solution et une bonne théorie et toi, tu nous démolies à chaque phrase !
Je savais que c’était de la comédie puisqu’elle n’émettait qu’un amusement débonnaire. Mais il y avait un sentiment de frustration sous-jacent émanant de tout le monde et Azul venait de faire sauter ce petit bouchon d’insécurité. J’avais de la chance : La Matriarche Douairière est un poste dans une Meute qui est très compliqué. C’est la Compagne de l’Ancien Alpha et elle doit maintenir la balance entre les traditions et la modernité du Nouvel Alpha mais, et surtout, elle doit tenir le rôle du Cœur de Meute, le plus souvent sans en avoir les pouvoirs. Azul avait pris le rôle, plutôt naturellement d’ailleurs et s’amusait à désamorcer les moindres situations conflictuelles avec une minauderie de petite fille et une blague de cul. Ça fonctionnait. Et… En toute honnêteté, vu le coté hétéroclite, pour être poli, de ma Meute, c’était pas gagné.
- Désolé… Disons que je suis le seul Hybride…
- Terme scientifiquement incorrect. Marmonna Taylor.
- Vous, ta gueule… Disons que je suis le seul Loup-garou/Vampire de New York à courir dans Central Park. (Me tournant vers Taylor :) Je préfère le terme d’Hybride parce qu’il est beaucoup moins négativement connoté qu’Abomination.
- Terme scientifique toujours incorrect…
- Je vais vous tuer. Et je vais vous faire mal avant. Vraiment très mal.
- Des promesses, toujours des promesses.
Et je suis tombé amoureux de Taylor à ce moment-là. Je tombe toujours amoureux des personnes capables de me contredire et de me donner la réplique. C’est maladif.
- Ce petit débat sémantique était très intéressant, je n’en disconviens pas, commença Ash, mais on peut revenir au sujet ?
- Déjà saoulé ?
- Je suis en train d’imaginer de faire cramer des gens. Donc, je crois qu’il est temps qu’on reprenne la discussion sans digression, oui.
- Ok. Imaginons que je sois l’élément de base, vu que je suis… unique… Et on m’a fait partir de manière à ce que ma « proie » me rencontre et que je l’attaque. Comment ? Parce que je ne me souviens pas qu’on m’ait demandé ou suggéré d’aller courir.
- Pourquoi t’es allé courir ?
Bonne question… Je cours pour lâcher la pression, pour réfléchir ou, au contraire, pour ne pas penser. Ma situation avait été stressante, certes, mais ce n’était pas rare…
- Accumulation de choses. Il fallait que je décompresse.
- Mais pas la deuxième fois, n’est-ce pas ? Murmura Dom.
- Non. La deuxième fois… C’était de l’envie. Il fallait que je le revoie et que je comprenne. Enfin… C’est ce que je me suis dit quand je suis reparti mais c’était plutôt une envie de le plaquer contre un arbre pour le baiser.
- Et si… Et si la première rencontre était la cause de la deuxième ?
- Bah, c’est le cas.
- Non, précisa Azul. Et si, lors de la première rencontre, on t’avait mis une sorte de compte à rebours pour que tu provoques la seconde ?
- C’est possible, ça ?
- Un sort de plus ou de moins…
Elle a balancé la main de gauche à droite pour illustrer son propos.
Dans mon for intérieur, je me disais qu’il était plus que temps que j’apprenne la magie de haut niveau. Oh, bien sûr, je connaissais quelques sorts, ce qui me permettait de mieux gérer la puissance monstrueuse de la Bête sans y succomber mais la théorie magique était encore à ce moment-là une bestiole inconnue. Il faut dire que mon seul maitre en magie, Azul, n’est pas un modèle de pédagogie ni même de théorisation. Donc, les sorts, je te montre, voilà, c’est comme ça, maintenant refais-le et laisse-moi reprendre une margarita.
Le problème de la magie de haut-niveau… C’est qu’il faut l’apprendre avec un Fae. Plutôt compliqué…
- On récapitule. Lança Ash. Quelqu’un qu’on n’identifie pas pour le moment a pu lancer un sort sur un mec que tu connais pas pour en faire une proie, un sort sur toi afin que l’envie se catalyse et un troisième sort sur toi pour que cette envie devienne dévastatrice dans un temps donné. Tout en amenant la proie à se mettre à ta portée durant ce même temps donné.
- En gros, oui.
- Donc, soit ce type en veut à mort à la Proie et s’est donné les moyens d’impliquer l’un des plus grands prédateurs du Monde, soit il a décidé de faire d’une pierre deux coups.
- Si tant est que la Proie est la véritable cible.
Depuis le début de la conversation, Hunt rodait dans ma tête pour dénicher ce qui n’allait pas et surtout les petites choses qui n’avaient rien à faire là. Il écoutait d’une oreille distraite ce que nous disions et levait la tête de temps en temps sans paraître s’inquiéter outre mesure, non. La seule chose qui l’intéressait, c’était ces petites choses qui ne devaient pas être là. Mais il n’en trouva pas, pas une seule, et je sentais sa frustration grandir de plus en plus.
J’ai levé la main pour signifier que je parlais à mon Loup.
- T’as fouillé de ton côté ?
Non.
- Essaye, on sait jamais.
Taylor me regardait bizarrement alors que le reste de la Meute débattait sur qui était la véritable cible de ce complot. Je me suis senti obligé de lui expliquer à mi-voix :
- Mon loup et moi sommes deux entités distinctes. Nous discutons donc régulièrement même si, mis à part moi, personne ne peut l’entendre. Et je sais qu’on a l’impression que je suis dingue.
- Discuter… Disputes aussi ?
- Souvent.
- Et comment vous faites pour… Enfin, tout simplement pour vivre ensemble ?
- Beaucoup de concessions.
- Oh… Les joies du couple sans le sexe en gros.
J’ai ricané alors que Hunt levait la tête et grognait. Mon Loup intérieur n’aimait pas qu’on critique notre situation, puisqu’il estimait qu’il faisait de son mieux et que parfois, il trouvait qu’il n’en faisait pas assez. Il n’avait pas besoin qu’on lui rappelle qu’il ne suffisait pas. J’ai donc décidé de défendre un peu mon colocataire.
- C’est une relation symbiotique et je ne suis pas un mec aussi facile à vivre que je veux bien le faire croire.
Une petite montée d’endorphine m’a fait soupirer d’aise et je savais que c’était la façon de mon Loup de me caresser.
- Si vous le dites.
Il s’est penché sur moi puis a décidé de s’asseoir à coté pour une conversation privée.
- Vous êtes conscients qu’on théorise sur du vide, là ?
- Je me doute bien, oui…
- On se balance gentiment toutes les hypothèses qu’on peut et rien ne ressort. Mon maître de conférences en diagnostic médical à la fac nous pisserait dessus pour ça.
- Et qu’est-ce que vous voulez qu’on y fasse ?
- Quand on a pas assez d’informations, on en cherche. On analyse, on questionne, on teste. Nous sommes bien d’accord qu’aucun événement bizarre n’a pu conduire à vous faire attaquer un inconnu ?
- De prime abord, non. Mais quand je vais connaitre la solution, je vais m’écrier : « Mais oui, évidement ! »
- Personne de nouveau dans le bâtiment ?
- Les réfugiés de deux royaumes Faes. Environ 2000 individus dont je serais incapable de donner le nom de leur véritable forme.
- On est bien d’accord que tous les Faes sont mages ? ou équivalent… ?
- Oui.
- Donc, 2000 suspects potentiels.
- Ou pas. M’attaquer, même le plus discrètement possible, est une violation des lois de l’hospitalité. C’est inimaginable pour eux.
Taylor a fait la moue, semblant mettre en doute ma capacité à juger du bon comportement de mes réfugiés. Il ne savait pas encore tout à ce moment et j’ai repris :
- Ça signifierait que mon héritier, quel qu’il soit, aurait le droit de tous les tuer. Et aucun royaume Fae ne pourrait dire quoique ce soit.
- Mouais, j’ai un gros doute…
- Les Faes ne réfléchissent pas comme nous. Si ça se trouve, y’en a un qui veut ma peau, au dehors, et qui fera tout pour m’avoir. Il serait tout à fait capable de me défier en duel et de se faire exploser avec moi pour y arriver… Mais il ne peut pas. Diplomatiquement parlant, il ne peut pas. Donc, il ne fera pas. Leur respect de la parole donnée est maladif, ils ne mentent pas, ils ne dédisent pas…
- Je suis d’origine irlandaise, je connais les histoires et les légendes : Ils mentent.
- Ils ne mentent pas mais ils ne disent pas toujours la vérité…
- Sémantique.
- Philosophie Fae.
Il a soupiré en plissant le front. Hunt, quant à lui, continuait à farfouiller dans chaque recoin de nos psychés, activant certains souvenirs, en éteignant d’autres, au cas où. Mais d’éléments étranges, point. Il se résigna à jeter un coup d’œil à l’endroit où nous mettions tous les deux ce que nous ne voulions pas laisser émerger et qui, pourtant, avait une tendance à pointer le bout de son nez au pire moment : La Bête et le Cannibale, nos pires cotés. Hunt n’aime vraiment pas mettre une patte là-dedans et pourtant, il fut très étonné de les sentir calmes, sans doute trop calmes pour être honnêtes.
Ça doit être là. Mais je veux pas y aller.
Encore une fois, je levais la main pour signifier mon dialogue intérieur, alors que je savais que personne ne me regardait :
- N’y va pas. Pas la peine.
Je crois qu’ils essayent de me piéger…
- Guère étonnant. On trouvera une autre solution sans avoir à plonger là-dedans.
Il faut dire que Hunt devenait de plus en plus paranoïaque à cause de ces deux-là et que malheureusement, c’était justifié. J’ignore encore à l’heure actuelle si ces deux-là commençaient à développer une véritable conscience séparée ou si c’était juste notre peur commune, à mon loup et à moi, de perdre le contrôle de nos émotions et de ce fait, leur donner une conscience qu’ils n’avaient pas.
Ça commençait à faire beaucoup de monde dans ma tête, quand même, non ?
- Analyses, on a pas le matériel pour. Reprit Taylor avec une moue déçue. Interrogatoire, Peu de résultats, non probant.
Il m’a regardé dans les yeux.
- Va falloir tester.
- C’est-à-dire ?
- Stresser l’organisme pour provoquer une nouvelle crise et observer.
J’ai ouvert de grands yeux.
- Vous êtes sérieux, là ? Vous voulez que je me remette à péter les plombs ??
- En environnement contrôlé, bien sûr. Je ne suis pas complètement dingue.
- Et comment voulez-vous construire un environnement contrôlé pour reproduire la situation ? C’était dehors, dans Central Park et vous savez combien de personnes passent dans la Park quand il fait bon ? Et comment je fais pour contacter l’élément déclencheur que je ne connais ni des dents ni des lèvres et que je risque de déchiqueter si je le revois ? Et surtout, comment je fais pour le convaincre que tout va bien se passer ?
- C’est la seule question valable. Si on part du principe qu’il est bien l’élément déclencheur… Comment reproduire une rencontre sans que vous l’attaquiez ? Le reste, pour le moment, ce sont des détails sans importance.
- Pour le moment ?
- Si la rencontre n’est pas concluante, il faudra jouer sur ces détails et trouver l’élément déclencheur.Je fronçais les sourcils.
- Vous me demandez des jours, peut-être des mois, d’analyse… On a pas le temps.
- On peut faire ça à la sauvage et vous retournez courir.
Je l’ai regardé dans les yeux avec stupéfaction, croyant qu’il n’avait rien écouté de ce que j’avais failli faire. Mais il se mit à sourire sans exposer les dents mais avec un air malicieux.
- Quoi… ?
- Vous l’avez dit vous-même : Je suis comme vous. Certes moins inexpérimenté mais contrairement à toutes les personnes présentes, je n’aurais aucun remord à vous tabasser la gueule pour vous arrêter.
- Je pourrais vous tuer…
- Non. Rappelez-vous, j’ai déjà tenté ça et ça n’a rien donné.
C’était une idée folle mais elle commençait à faire son chemin. Même Hunt trouvait l’idée moins stupide qu’elle n’y paraissait puisque lui se tiendrait sur ses gardes et qu’il aurait un soutien extérieur.
Mais après tout… Nous manquions cruellement de temps.