Parlons politiques à quenottes
L'histoire des vampires remonte à loin. Tellement loin que la plupart des habitants du Monde de la Nuit ne savent pas à quand exactement. Victor était l'un des rares à savoir et à ne rien dire. Ce n'était pas nécessaire. Les débuts étaient chaotiques et les vampires ressemblaient à des animaux prédateurs sans aucune structure sociale. De là naquirent les légendes qui inspirèrent Bram Stoker et ses héritiers. Mais très vite les habitants du Monde du Jour comprirent que les vampires avaient autant de défauts que d'avantages et la Traque commença. Ce fut un massacre. Dans les deux camps. C'est là que les premiers vampires intelligents ou du moins ceux qui faisaient d'avantage confiance à leur cervelle qu'à leur instinct, décidèrent qu'il était largement temps de s'organiser. Ils organisèrent leur propre disparition du Monde du Jour et entrainèrent avec eux tous ceux qui le méritaient. Les autres furent sacrifiés à la grande disparation et arrêtèrent la psychose humaine. Il resta de ce génocide une centaine de vampires. Les Premiers. Au bout d'un siècle de guerre de pouvoirs, il en resta à peine une vingtaine.
La politique vampirique a toujours été spéciale. Dans nulle société humaine on ne trouvait une politique pareille. Faite de violence et de subtilité, dans une alchimie étrange, c'était un jeu dont on ne connaissait les gagnants qu'au petit matin. Ceux qui s'endormaient paisiblement. Les autres... et bien les autres n'avaient plus besoin de jouer. Ils étaient morts. La politique vampirique était comme ça. Certains avaient essayé de changer ça et de rendre les choses plus humaines... Ils étaient morts eux aussi. On ne change pas certaines choses. Surtout pas les luttes de pouvoir. Cependant ces choses s'affinèrent. Quand les vampires eurent compris que leur coté animal pouvait être aussi un avantage, ils se mirent à étudier les meutes de grands prédateurs, pour calquer leur société sur eux.
De l'intérieur, la société Vampirique est d'une effrayante simplicité. De l'extérieur... C'était moins évident... Sans doute parce que les rares humains admis dans les cours vampiriques ne pouvaient saisir le quart des signaux émis par la Vulgate Vampire et à peine un dixième de la Hiérarte. Quand aux Grand Prédateurs... Peu pouvaient se targuer de les avoir vu. Enfin... De les avoir vus sous l'identité de Grand Prédateur.
Schématisons. En haut, Les Grands Prédateurs. Ils sont douze à l'heure actuelle. Les luttes intestines, le grand âge, les inévitables impondérables naturels ont réduit le nombre à douze. On sait qu'ils existent, ils le font assez savoir... Mais comme le Saint Esprit, ils restent impalpables et se manifestent peu. Ensuite, la Hiérarte. Des vampires puissants et assez vieux qui tenaient le haut du panier et qui tenaient aussi toute l'administration. Une subtile hiérarchie donnait les postes avec approbation des Grands. Du Maitre de la Ville au plus petit secrétaire de section, chacun était un membre de la Hiérarte. Ensuite... La Vulgate. Le reste... Les nouveaux, les faibles, ceux qui n'avaient aucun poste... Pire, qui n'avaient soit aucune motivation pour en avoir, soit aucun talent. Parfois, ils émigraient dans la Hiérarte, mais la plupart du temps, ils stagnaient dans la Vulgate, servant de cour de chiens couchants, d'esclaves, de chair à canon pour les guerres d'influences. Une sorte de sélection naturelle, puisque les membres de la Hiérarte avaient tous les droits, y compris celui de les tuer sans raison.
Et il y avait les vampires de passage, comme Victor. Ils suivaient les règles des zones où ils passaient, servaient au maximum les maîtres de Ville selon les capacités qu'ils avaient. Le reste du temps, ils étaient libres. Selon les exploits dont ils étaient les artisans, ils avaient des récompenses, comme le droit d'enfanter un nouveau vampire. Parfois, ils se propulsaient dans la Hiérarte, comme agents de très grande confiance. Les Vampires de la Vulgate qui veulent changer de vie deviennent de Passage pour se donner une chance. Des rumeurs disaient des vampires de Passage que certains étaient des Hiérartes qui s'occupaient de faire respecter la loi des prédateurs.
Oui, c'est simple. Mais ce serait sans compter sur ce qui fait la puissance d'un vampire par rapport aux autres. Il n'est pas très étonnant de voir une petite fille de cinq ans être Maitre de Ville. Rare à la rigueur... Mais la petite fille en question vous glaçait jusqu'aux os d'un regard. Cela dit, il fallait au moins ça pour tenir la ville de Mexico.
Détails. Revenons à plus large.
Au sein des Grands Prédateurs, tous étaient égaux. Lors des grands débats, chacun avait une voix et on réglait ça à la majorité simple. On ne disait pas le taux d'abstention qui frisait généralement les 75%, car les Grands Prédateurs votaient généralement quand les autres ne pouvaient pas venir. Et ensuite les absents défaisaient tout par un autre vote. Les Grands Prédateurs se caractérisaient par leur immobilisme. Pas par choix... Mais pour respecter les lois qui les empêchaient de s'entretuer.
Comme il a déjà été dit, la Hiérarte est autrement plus complexe. Le premier plan est tenu par les sept Oracles qui étaient censés donner les paroles des Grands Prédateurs. En fait, ces sept-là passaient leur éternité à leur courir après pour obtenir ces fichus paroles... Quand enfin ils les trouvaient, ils se dépêchaient de restituer l'essence des paroles et de s'endormir pour un siècle. Ils étaient vénérés, craints... On suivait leurs avis quand ils condescendaient à les donner. Mais au final, on ne comptait pas sur eux. Ensuite, les cannibales. En croiser un était un synonyme de mort prochaine. Ils appliquaient la loi et leur simple présence calmaient les ardeurs des plus rebelles. De part leur nature, ils ne se mêlaient pas de politique, si ce n'est pour préciser une loi et sa sentence. Les Maitres et Maitresses de Ville venaient ensuite. La puissance dont ils faisaient montre était toujours différente, mais suffisante pour tenir leurs cours. Chaque fois que les humains créaient une nouvelle agglomération, un Maître prenait le contrôle des prédateurs qui s'en nourrissaient. Pas toujours un nouveau maître, mais un vampire souhaitant accroitre son territoire. Ce qui donne parfois des conflits sanglants si la nouvelle ville est coincée entre deux territoires dont les maîtres ne sont pas particulièrement amis entre eux. Les Maîtres de Ville règnent sur deux cours. La première, la cour couchante ne sortait jamais de la Ville et même parfois du palais du maître. Ils étaient les favoris, les serviteurs intimes et ceux dont ne peut se passer. Ils avaient les oreilles et les faveurs du Maître et savaient le faire sentir. Il y avait aussi la cour de chasse. Plus éloignée en termes d'affection et de logis, elle n'en était pas moins essentielle. Elle s'occupait de tout ce que la couchante ne pouvait faire. Cela dit, l'appartenance à la chasse ou la couchante est surtout affaire de goût. On peut être loyal sans être diplomate ou avoir de quoi plaire au Maître... On restait donc de la Chasse.
A l'heure actuelle, les vampires se tenaient en réserve, cachés parmi les humains pour éviter que ceux-ci les découvrent. La science humaine devenait dangereuse pour le Monde de la Nuit.
La politique vampirique a toujours été spéciale. Dans nulle société humaine on ne trouvait une politique pareille. Faite de violence et de subtilité, dans une alchimie étrange, c'était un jeu dont on ne connaissait les gagnants qu'au petit matin. Ceux qui s'endormaient paisiblement. Les autres... et bien les autres n'avaient plus besoin de jouer. Ils étaient morts. La politique vampirique était comme ça. Certains avaient essayé de changer ça et de rendre les choses plus humaines... Ils étaient morts eux aussi. On ne change pas certaines choses. Surtout pas les luttes de pouvoir. Cependant ces choses s'affinèrent. Quand les vampires eurent compris que leur coté animal pouvait être aussi un avantage, ils se mirent à étudier les meutes de grands prédateurs, pour calquer leur société sur eux.
De l'intérieur, la société Vampirique est d'une effrayante simplicité. De l'extérieur... C'était moins évident... Sans doute parce que les rares humains admis dans les cours vampiriques ne pouvaient saisir le quart des signaux émis par la Vulgate Vampire et à peine un dixième de la Hiérarte. Quand aux Grand Prédateurs... Peu pouvaient se targuer de les avoir vu. Enfin... De les avoir vus sous l'identité de Grand Prédateur.
Schématisons. En haut, Les Grands Prédateurs. Ils sont douze à l'heure actuelle. Les luttes intestines, le grand âge, les inévitables impondérables naturels ont réduit le nombre à douze. On sait qu'ils existent, ils le font assez savoir... Mais comme le Saint Esprit, ils restent impalpables et se manifestent peu. Ensuite, la Hiérarte. Des vampires puissants et assez vieux qui tenaient le haut du panier et qui tenaient aussi toute l'administration. Une subtile hiérarchie donnait les postes avec approbation des Grands. Du Maitre de la Ville au plus petit secrétaire de section, chacun était un membre de la Hiérarte. Ensuite... La Vulgate. Le reste... Les nouveaux, les faibles, ceux qui n'avaient aucun poste... Pire, qui n'avaient soit aucune motivation pour en avoir, soit aucun talent. Parfois, ils émigraient dans la Hiérarte, mais la plupart du temps, ils stagnaient dans la Vulgate, servant de cour de chiens couchants, d'esclaves, de chair à canon pour les guerres d'influences. Une sorte de sélection naturelle, puisque les membres de la Hiérarte avaient tous les droits, y compris celui de les tuer sans raison.
Et il y avait les vampires de passage, comme Victor. Ils suivaient les règles des zones où ils passaient, servaient au maximum les maîtres de Ville selon les capacités qu'ils avaient. Le reste du temps, ils étaient libres. Selon les exploits dont ils étaient les artisans, ils avaient des récompenses, comme le droit d'enfanter un nouveau vampire. Parfois, ils se propulsaient dans la Hiérarte, comme agents de très grande confiance. Les Vampires de la Vulgate qui veulent changer de vie deviennent de Passage pour se donner une chance. Des rumeurs disaient des vampires de Passage que certains étaient des Hiérartes qui s'occupaient de faire respecter la loi des prédateurs.
Oui, c'est simple. Mais ce serait sans compter sur ce qui fait la puissance d'un vampire par rapport aux autres. Il n'est pas très étonnant de voir une petite fille de cinq ans être Maitre de Ville. Rare à la rigueur... Mais la petite fille en question vous glaçait jusqu'aux os d'un regard. Cela dit, il fallait au moins ça pour tenir la ville de Mexico.
Détails. Revenons à plus large.
Au sein des Grands Prédateurs, tous étaient égaux. Lors des grands débats, chacun avait une voix et on réglait ça à la majorité simple. On ne disait pas le taux d'abstention qui frisait généralement les 75%, car les Grands Prédateurs votaient généralement quand les autres ne pouvaient pas venir. Et ensuite les absents défaisaient tout par un autre vote. Les Grands Prédateurs se caractérisaient par leur immobilisme. Pas par choix... Mais pour respecter les lois qui les empêchaient de s'entretuer.
Comme il a déjà été dit, la Hiérarte est autrement plus complexe. Le premier plan est tenu par les sept Oracles qui étaient censés donner les paroles des Grands Prédateurs. En fait, ces sept-là passaient leur éternité à leur courir après pour obtenir ces fichus paroles... Quand enfin ils les trouvaient, ils se dépêchaient de restituer l'essence des paroles et de s'endormir pour un siècle. Ils étaient vénérés, craints... On suivait leurs avis quand ils condescendaient à les donner. Mais au final, on ne comptait pas sur eux. Ensuite, les cannibales. En croiser un était un synonyme de mort prochaine. Ils appliquaient la loi et leur simple présence calmaient les ardeurs des plus rebelles. De part leur nature, ils ne se mêlaient pas de politique, si ce n'est pour préciser une loi et sa sentence. Les Maitres et Maitresses de Ville venaient ensuite. La puissance dont ils faisaient montre était toujours différente, mais suffisante pour tenir leurs cours. Chaque fois que les humains créaient une nouvelle agglomération, un Maître prenait le contrôle des prédateurs qui s'en nourrissaient. Pas toujours un nouveau maître, mais un vampire souhaitant accroitre son territoire. Ce qui donne parfois des conflits sanglants si la nouvelle ville est coincée entre deux territoires dont les maîtres ne sont pas particulièrement amis entre eux. Les Maîtres de Ville règnent sur deux cours. La première, la cour couchante ne sortait jamais de la Ville et même parfois du palais du maître. Ils étaient les favoris, les serviteurs intimes et ceux dont ne peut se passer. Ils avaient les oreilles et les faveurs du Maître et savaient le faire sentir. Il y avait aussi la cour de chasse. Plus éloignée en termes d'affection et de logis, elle n'en était pas moins essentielle. Elle s'occupait de tout ce que la couchante ne pouvait faire. Cela dit, l'appartenance à la chasse ou la couchante est surtout affaire de goût. On peut être loyal sans être diplomate ou avoir de quoi plaire au Maître... On restait donc de la Chasse.
A l'heure actuelle, les vampires se tenaient en réserve, cachés parmi les humains pour éviter que ceux-ci les découvrent. La science humaine devenait dangereuse pour le Monde de la Nuit.